Kozolecs
Stara Fuzina. Slovénie. km 2642.

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Le mot kozolec, désigne en Slovénie toute forme de structure dédiée au séchage du foin. Les kozolecs sont le plus souvent de simples files de poteaux supportant des tasseaux horizontaux, mais ils peuvent aussi prendre la forme de petits bâtiments, on parle alors de Toplar. Dans les campagnes slovènes, on les rencontre partout et sous des formes très variées.

© Borut Juvanec, Kozolec, 2007.


Si le kozolec simple est très similaire aux râteliers tels qu’on peut les retrouver en Autriche, dans les Balkans et jusqu’en Roumanie, la forme originale du toplar en revanche est typiquement Slovène. À de rares exceptions, situées dans le nord-est de l’Italie et dans le sud de l’Autriche, on ne trouve des toplars qu’en Slovénie.

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Dans les années 1990, lors de l’éclatement de la Yougoslavie, les questions d’identités nationales furent très prégnantes dans les balkans, chaque pays cherchant à prouver une homogénéité culturelle justifiant ses nouvelles frontières. Les langues et confessions religieuses occupaient une place centrale dans ce débat, mais parfois aussi les traditions régionales. Le toplar fut alors érigé en symbole de l’identité slovène et devint une forme d’étendard. Pour cette raison peut être, la tradition architecturale du toplar est encore très vive en Slovénie et il n’est pas rare d’en voir érigé de nos jours.

Pour autant, les toplars ne sont pas de simples artifices identitaires ou touristiques. Ils sont pour la plupart utilisés très activement, pour sécher le foin bien sûr, mais aussi pour remiser du bois, du matériel ou parfois comme atelier.

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Comme on le voit sur cette dernière photo, la structure du toplar est constituée d’une suite de portiques, surmontés de fermes et solidarisés entre eux par une structure tridimensionnée. Ce principe structurel ne change jamais, en revanche la forme et le nombre de portiques peuvent être très variables.

Dans son livre Kozolec, le professeur Borut Juvanec propose une classification des toplars. Il distingue les toplars fins majoritairement situés au nord de la Save des toplars robustes, situés eux au sud du fleuve. D’après Juvanec chaque type de toplar est régi par un principe de proportion basé sur le carré :

© Borut Juvanec, Kozolec, 2007.    2 : toplar fin. 3 : toplar robuste.


Si les règles de proportion établies par Juvanec sont correctes dans les grandes lignes, en réalité, dans les proportions comme le détail, il n’y a pas deux toplars identiques :

© Galerija kozolec, www.galerijakozolec.si 2014.



Le principe constructif du kozolec

On l’a dit, la principale fonction du Toplar est le séchage du foin et son stockage, c’est cette fonction qui va déterminer sa particularité constructive.

En effet, le séchage du foin suppose un barreaudage à claire-voie sur le maximum de surface verticale. Il suppose aussi un accès facilité des deux côtés du râtelier sur lequel étendre le foin. Le Toplar doit donc être largement ouvert sur deux côtés et simplement muni de barreaux horizontaux sur les deux autres. Dès lors, comment contreventer le bâtiment ?
L’astuce constructive du toplar consiste à déporter le contreventement à l’intérieur du bâtiment et sur le haut des portiques. Comme on le voit sur cette axonométrie :

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Dans le détail, les toplars sont généralement réalisés à partir d’assemblages à mi-bois. Sur la photo suivante, on peut par exemple observer que les diagonales formant les contreventements sont liées à la structure principale par des assemblages à mi-bois avec chevilles, et solidarisées entre elles par des assemblages à mi-bois simples.

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Sur cette photo, il est aussi intéressant de noter que chaque panne sablière est double. L'une repose sur les portiques tandis que l'autre est légèrement déportée à l’extérieur de la structure. Ce décalage permet de larges débords de toit qui préservent les râtelier de la pluie, c'est une particularité constructive commune à de nombreux toplars. La bonne protection du bâtiment contre la pluie est aussi visible dans le détail de la planche de bardage inclinée, protégeant l’about de panne du premier niveau.

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Merci à Pietre.

Velika Planina
Kamnik. km 2810.

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Velika Planina est un alpage situé dans les Alpes Kamniques, au Nord de la Slovénie. En dehors des pâturages, on y trouve de nombreuses constructions en bois qui servent à la fois d'étable et d'habitation pour les gardiens des troupeaux. Elles sont utilisées durant les pâtures des mois d'été, de juin à septembre. Depuis quelques années, elles sont aussi devenues prisées par les skieurs et les randonneurs ; certaines d'entre elles ont été restaurées et transformées en habitations ou en gîtes.
Les traces d'utilisation du lieu les plus anciennes remontent au 16e siècle.

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Toutes les cabanes de Velika Planina sont caractérisées par le même dispositif spatial. Les bergers et leurs familles dorment dans un espace central, qui comprend une zone de couchage et un foyer. Cet espace est aussi équipé pour la fabrication du fromage et son stockage. Les animaux quant à eux, passent la nuit dans un espace périphérique entourant le lieu de vie. Les hommes profitent ainsi de la chaleur des bêtes.

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On peut distinguer deux types de cabanes à travers l'alpage, mais la pièce centrale est toujours construite avec des rondins d'épicéa empilés horizontalement. Dans le premier cas l'enceinte extérieure est de forme ovale et construite en pierre. Des poteaux en bois rejoignent les murs intérieurs pour former le vaste toit. L'entrée se fait à l'une des extrémités de l'ovale.

Dans le deuxième cas, bien que le motif d'implantation des pâtures reste identique, les cabanes sont de plus grande dimension et de forme rectangulaire. C'est surtout le cas à Mala Planina, un autre hameau proche de Velika Planina. L'entrée se fait par le côté le plus long, et les poteaux sont supportés par des pierres seules remplaçant l'enceinte continue. La couverture des toits est en bardeaux de pin ou de mélèze.

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Quelque part en Slovénie
km 2980.

Sur le bord de la route.

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Dans la construction en rondins ou en bois équarris empilés, des assemblages résistants à la traction sont obtenus en donnant une forme trapézoidale à l'entaille à mi-bois. Il s'agit alors d'entailles, sur angle ou sur chant, dites "en queues d'aronde alternées". Dans certaines régions, cette queue d'aronde n'est pas trapézoidale mais réalisée avec une forme courbe.

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© Atelier rēs + Serge Propose